Violent extremist groups have been expanding from their primary bases in Mali and Burkina Faso towards the southern and coastal states of West Africa. One of the main corridors for this expansion has been the stretch of protected land comprising the W, Arly and Pendjari national parks. This area of connected natural reserves, which also contains several smaller semi-protected areas and hunting concessions, is referred to as the WAP complex.
Its location along multiple national borders (it straddles the borders of Benin, Niger and Burkina Faso and runs close to those of Nigeria and Togo), the cover offered by its forests and savannah vegetation, and its relative isolation, have made it a critical operational space for the non-state armed groups feeding political instability in the Sahel.
This has been underscored by a sharp rise in violent attacks in the areas skirting the WAP complex in Benin, and to a lesser extent Togo, since late 2021, as the protected areas have become a vehicle for the region’s two main armed groups to extend their influence towards the coastal states. The most significant of these is Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) – an amalgamation of violent extremist groups, mainly from Mali, and ideologically affiliated to al-Qaeda. Islamic State Sahel Province (ISSP) is also active in the WAP complex, albeit to a much lesser extent.
While the primary appeal of the complex to JNIM (and ISSP) is as a refuge, combatants have also presented themselves as an alternative system of governance to its residents. In doing so, they have adapted to – and taken advantage of – the fact that many of those living in the complex depend on the illicit economy. This is properly characterized as illicit rather than informal, since obtaining basic supplies often involves goods crossing borders undeclared and untaxed.
In the coastal states – Benin, which contains a large part of the WAP complex ; Togo, whose north-eastern edge is a short distance from Pendjari Park; and Nigeria, whose north-western border is also close to the complex – goods are significantly cheaper due to a combination of port infrastructure and subsidies on key commodities such as fuel. However, residents in this area (where formal markets scarcely exist) largely consider many of the banned economic activities (such as smuggling fuel, consumer goods and hunting) as legitimate, as they supply vital items that could not be purchased by the overwhelming majority of the population through the more expensive formal markets.
Such price differentials have fostered a mature smuggling ecosystem. The WAP complex serves as a relatively safe route for small bands of smugglers, usually on motorbikes, compared to the main roads across the southern border of Burkina Faso, where the chances of encountering a state checkpoint are much higher. Meanwhile, the formal sector has always been largely absent. The net result is that the communities around the parks have gravitated towards smuggling, not only as a supplier because it is a profitable activity, but also as consumers, since it is the only way to access goods in many parts of the zone.
Smuggling is just one aspect of the local political economy that armed groups have exploited to assume authority over residents. Another is the area’s land politics, and its history of contestation over natural resources. Much as with the smuggling economy, JNIM has incorporated local aspirations to take advantage of the parks’ natural resources into their governance practice. They have also navigated, and sometimes capitalized on, local conflicts over access to land.
This report will focus predominantly on natural resource exploitation and how armed groups leverage local resources for governance purposes, rather than on land conflict or tensions between farming and herding communities.
In the WAP complex, rather than turning a profit, the principal aim of armed groups in engaging with illicit economies is to further their governance agenda. Evidence gathered so far suggests JNIM has largely resisted directly taxing the smuggled goods coming from coastal states into the WAP complex. Instead, financial contributions from residents are levied predominantly through zakat (an Islamic alms distribution system) or sometimes on livestock grazing. Both can be framed as a payment in exchange for a service, albeit with varying credibility. More broadly, JNIM’s offer to the local population is to allow them to practice illicit activities undisturbed, in exchange for accepting the group as a governing force. Thus, JNIM is primarily a facilitator of illicit economies and a profiteer second.
This is not to suggest that JNIM is a benevolent actor in the WAP complex, and the group regularly employs violence to coerce civilians. JNIM combatants go to significant and destructive lengths to ensure there is no contact between the residents they seek to govern and the state or other opposing forces. Violence tends to be directed against those they suspect of opposing them, as a means of stoking intercommunal conflict, or simply to inspire fear among residents and ensure obedience.
Les groupes extrémistes violents élargissent leur présence, de leurs bases principales implantées au Mali et au Burkina Faso vers les régions côtières d’Afrique de l’Ouest. L’un des principaux axes de cette expansion a suivi la zone de réserves naturelles englobant les parcs nationaux du W, d’Arly et de la Pendjari ainsi que plusieurs zones semi-protégées plus petites et des réserves de chasse. Ensemble, ces zones sont appelées le complexe WAP.
Sa situation à la frontière de plusieurs pays (à cheval sur le Bénin, le Niger et le Burkina Faso et à proximité des frontières du Nigéria et du Togo), la couverture offerte par les forêts et la végétation de savane, ainsi que son isolement relatif, en font une base opérationnelle cruciale pour les groupes armés non étatiques qui alimentent l’instabilité politique dans le Sahel.
En témoigne la forte augmentation des attaques violentes observée depuis la fin de l’année 2021 dans les régions sur le pourtour du complexe WAP au Bénin et, dans une moindre mesure, au Togo, les zones protégées étant devenues un moyen pour les deux principaux groupes armés de la région d’étendre leur influence vers les États côtiers. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin – JNIM), une coalition de groupes extrémistes violents majoritairement originaires du Mali et idéologiquement affiliés à Al-Qaïda, est le plus important d’entre eux. La Province de l’État islamique au Sahel (Islamic State Sahel Province – ISSP) est également active au sein du complexe WAP, mais dans une bien moindre mesure.
Si le complexe fait essentiellement office de refuge pour les combattants du JNIM (et de l’ISSP), ceux-ci se présentent également comme un système de gouvernance alternatif pour la population locale. Ce faisant, ils se sont adaptés et tirent profit du fait que de nombreuses personnes vivant dans le complexe dépendent de l’économie illicite. Cette économie est illicite plutôt qu’informelle, dans la mesure où des marchandises non déclarées et non taxées passent les frontières pour répondre aux besoins de base.
Dans les États côtiers (le Bénin, qui abrite une grande partie du complexe WAP, le Togo, dont la frontière nord-est se trouve à proximité du parc de la Pendjari, et le Nigéria, dont la frontière nord-ouest est également proche du complexe), les marchandises sont nettement moins chères du fait des infrastructures portuaires et des subventions octroyées pour certains produits de base clés comme le carburant. Les habitants de cette région (où les marchés officiels sont rares) considèrent globalement comme légitimes bon nombre d’activités économiques interdites (comme la contrebande de carburant, de biens de consommation et la chasse) car elles fournissent des produits vitaux que la grande majorité de la population ne pourrait pas acheter sur les marchés formels plus onéreux.
Ces écarts de prix ont favorisé l’émergence d’un écosystème de contrebande bien développé. Les petites bandes de contrebandiers généralement motorisés empruntent l’itinéraire du complexe WAP qu’ils considèrent plus sûr par rapport aux grands axes qui traversent la frontière sud du Burkina Faso, où ils courent un plus grand risque de tomber sur un poste -frontière Le secteur formel a pour sa part toujours été largement absent. de ces régions Les populations qui vivent autour des parcs se sont de ce fait tournées vers la filière de la contrebande. Elles y participent en tant que fournisseurs, car l’activité est rentable, mais aussi en tant que consommateurs, pour pouvoir accéder à des marchandises inaccessibles dans de nombreux secteurs de la région.
La contrebande ne constitue qu’un aspect de l’économie politique locale dont les groupes armés tirent parti pour asseoir leur autorité sur les habitants. La politique foncière de la région, avec son passif de conflits autour des ressources naturelles, en constitue un autre. Comme avec l’économie de la contrebande, le JNIM a intégré dans ses pratiques de gouvernance les aspirations locales à tirer profit des ressources naturelles des parcs. Ses membres ont également joué, et parfois tiré parti, des conflits locaux liés à l’accès aux terres.
Le présent rapport est davantage axé sur l’exploitation des ressources naturelles et sur la manière dont les groupes armés utilisent les ressources locales à des fins de gouvernance que sur les conflits fonciers ou les tensions entre agriculteurs et éleveurs.
Le principal objectif des groupes armés qui interagissent avec les activités économiques illicites n’est pas d’en profit au sein du complexe WAP, mais de faire avancer leurs ambitions de gouvernance. Les éléments recueillis jusqu’à présent suggèrent que le JNIM a largement résisté à l’idée de taxer directement les marchandises de contrebande en provenance des États côtiers qui entrent dans le complexe WAP. Le groupe collecte des contributions des habitants principalement en leur imposant le paiement de la zakat (forme d’aumône en vertu des principes de l’Islam) ou parfois de frais de pâturage. Dans les deux cas, ce paiement est versé en échange d’un service de crédibilité variable. Plus généralement, le JNIM offre à la population locale de pratiquer tranquillement des activités illicites si elle accepte en échange que le groupe soit la force dirigeante. Le JNIM facilite donc en premier lieu les économies illicites et en tire profit en second lieu.
Cela ne signifie pas que le JNIM est un acteur bien intentionné au sein du complexe WAP car le groupe a régulièrement recours à la violence pour contraindre les civils. Les combattants du JNIM ne ménagent pas leurs efforts, même si cela implique des comportements destructeurs, pour veiller à l’absence totale de contact entre les populations locales qu’ils cherchent à gouverner et l’État ou d’autres forces d’opposition. Ils ont tendance à faire preuve de violence à l’encontre de ceux qu’ils soupçonnent de s’opposer à eux afin d’attiser les conflits intercommunautaires, ou simplement pour inspirer la peur aux habitants et s’assurer de leur obéissance.