This report considers Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin’s (JNIM) relationship with illicit economies in Burkina Faso, where it has rapidly become the dominant non-state armed group, and indeed the principal (if contested) armed presence in most rural areas since late 2020. Although armed activity in Burkina Faso can be traced to late 2015, the conflict has intensified dramatically in the last three years, creating one of the world’s most severe (and most neglected) humanitarian and displacement crises.
Between 2020 and 2021, the number of conflict incidents more than doubled, from 643 to 1 373. The first half of 2022 has seen intense levels of violence continue, with 788 incidents recorded in Q1 and Q2. Amid this crisis, JNIM in Burkina Faso has, for the most part, been committed to establishing its own form of Islamist governance and to expanding that governance into new areas. JNIM’s own illicit activity, and its facilitation of illicit activity, must be considered in light of this strategy.
JNIM was formed in Mali in 2017 through the amalgamation of the major al-Qaedaaffiliated armed groups in the country: al-Mourabitoun, the Saharan branch of al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM); Ansar Dine; and Katibat Macina. Many members of these forerunner groups had significant criminal as well as militant experience and some of these activities were cornerstones of funding for certain JNIM component groups, even prior to the Malian conflict.
This report aims to contribute to the growing study of violent extremist and criminal actors who share operational spaces, and whose activities overlap, by showing that these groups engage in criminality for reasons beyond mere self-financing. Certainly, in the case of JNIM, its engagement with illicit economies lies at the centre of its governance strategy. By facilitating the existing illicit activities of local communities, and by opening up illicit economies to new demographics, JNIM has won the acceptance and support of many residents across its regions of influence. Indeed, many residents have become invested in maintaining JNIM’s presence in the area and support them with material contributions, information and other logistical help. While JNIM can also be very violent towards civilians, it often directs this violence along the lines of pre-existing communal tensions, helping to entrench support within one side even if it alienates another. This report begins by considering JNIM’s evolution in Burkina Faso and how criminal activity has formed an important part of its development. It then examines JNIM’s relationship to illicit activities in which it is directly implicated (kidnapping and vehicle theft) and indirectly implicated (smuggling and gold mining) by facilitating or managing access.
Ce rapport étudie le lien entre Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin ( Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ou JNIM) et l’économie illicite au Burkina Faso, où le JNIM est rapidement devenu le groupe armé non étatique dominant et de fait la principale présence armée (bien que contestée) dans la plupart des zones rurales depuis fin 2020. Bien que l’activité armée au Burkina Faso remonte à fin 2015, le conflit s’est sensiblement intensifié ces trois dernières années, créant l’une des plus graves (et des plus négligées) crises humanitaires et de déplacement au monde.
Entre 2020 et 2021, le nombre d’incidents liés à des conflits a plus que doublé, passant de 643 à 1 373. Le premier semestre 2022 a vu se poursuivre l’intensification de la violence, avec 788 incidents enregistrés au cours des premier et deuxième trimestres. Dans ce contexte de crise, le JNIM au Burkina Faso s’est globalement engagé à établir sa propre forme de gouvernance islamiste et à étendre cette gouvernance à de nouveaux secteurs géographiques. Les activités illégales du JNIM, de même que les actes qu’il commet et qui favorisent ces activités, doivent être considérées à la lumière de cette stratégie.
Créé au Mali en 2017, le JNIM est le fruit de la fusion des principaux groupes armés affiliés à Al-Quaïda dans le pays : al-Mourabitoun, la branche saharienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et la Katibat Macina. De nombreux membres de ces groupes précurseurs menaient des activités criminelles et militantes conséquentes, dont certaines ont été les pierres angulaires du financement de certains groupes membres du JNIM, y compris avant le conflit malien.
Le présent rapport vise à contribuer à l’étude croissante des acteurs extrémistes violents et criminels qui partagent des espaces opérationnels et dont les activités se chevauchent, en montrant que ces groupes s’engagent dans la criminalité pour des raisons qui vont au-delà du simple autofinancement. Dans le cas du JNIM, il va de soi que son engagement dans les économies illicites est au centre de sa stratégie de gouvernance. En facilitant les activités illégales existantes des communautés locales et en ouvrant les économies illicites à de nouveaux groupes démographiques, le JNIM a gagné l’acceptation et le soutien de nombreux résidents dans ses régions d’influence. En effet, de nombreux résidents se sont investis dans le maintien de la présence du JNIM dans la région et soutiennent le groupe par des contributions matérielles, des informations et autres aides logistiques. Si le JNIM peut également se montrer très violent à l’égard des civils, il oriente souvent cette violence en fonction des tensions communautaires préexistantes, contribuant ainsi à renforcer le soutien d’une partie, même si elle en aliène une autre. Le présent rapport se penchera dans un premier temps sur l’évolution du JNIM au Burkina Faso et montrera en quoi l’activité criminelle a constitué une part importante de son développement. Il étudiera ensuite le lien entre le JNIM et les activités illicites dans lesquelles le groupe est directement (enlèvements et vols de véhicules) et indirectement impliqué (contrebande et extraction d’or) en facilitant ou en gérant l’accès à ces activités.